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7 actions pour transformer la restauration en établissement pour personnes âgées

Gregory Cousyn

May 28, 2025

Temps de lecture :

6 minutes

Un chef en tenue professionnelle prépare des assiettes de salades garnies avec soin sur une table blanche.
Médico-social / Social

La restauration en établissement pour les personnes âgées joue un rôle central dans la qualité de vie des résidents. 

Au-delà de l’aspect nutritionnel, elle participe au plaisir, au lien social et au rythme du quotidien. Pour l’améliorer, de nombreuses structures ont déjà mis en place des actions simples, concrètes et efficaces.

En s’appuyant sur un document de référence*, cet article propose 7 actions concrètes pour transformer la restauration en établissement. Prêt à changer de regard sur la restauration en résidence autonomie ou en Ehpad ? C’est parti !

*Recueil d’actions pour l’amélioration de l’alimentation en établissements hébergeant des personnes âgées”, publié par le Ministère de l’Agriculture, de l’Agroalimentaire et de la Forêt et le Ministère des Affaires Sociales et de la Santé.

1. Impliquer les résidents dans leur alimentation

Pour que le repas reste un moment de plaisir, il doit aussi redevenir un espace d’expression et d’autonomie pour les personnes âgées. Et cela commence par leur donner une vraie place dans le processus alimentaire.

Redonner du sens au repas

Dans de nombreux EHPAD, le repas est vécu comme un moment subi : plats imposés, horaires figés, rituels standardisés. Résultat ? Une baisse de l’appétit, une frustration croissante, et parfois une dénutrition évitable.

À l’inverse, lorsque le résident retrouve un rôle actif dans le choix, la préparation ou même le service des repas, le rapport à l’alimentation se transforme. Il ne s’agit plus seulement de se nourrir, mais de retrouver des repères, du plaisir et un rôle social.

Des actions concrètes à mettre en place

  • Fiches de goûts et d’habitudes alimentaires personnalisées à l’entrée (et révisées régulièrement) pour prendre en compte les préférences, les aversions, les habitudes culturelles ou religieuses.
  • Participation à la conception des menus, via des commissions ou des temps d’échange réguliers : les résidents ont souvent une mémoire culinaire très riche à partager.
  • Ateliers cuisine intergénérationnels, où les résidents préparent eux-mêmes un plat ou un goûter avec des enfants d’école ou des proches.
  • Jardinage en potager ou sur table : même ceux qui ne cuisinent pas aiment voir pousser les légumes qu’ils retrouveront ensuite dans leur assiette.
  • Service en salle ou décoration de table, pour celles et ceux qui souhaitent s’impliquer autrement.

Ces gestes peuvent sembler simples, mais ils ont un impact majeur sur l’appétit, la confiance en soi et la qualité de vie des résidents.

Ce qu’en disent les professionnels

“Quand les résidents participent à la préparation ou à la décoration, ils mangent plus, ils parlent plus, et surtout… ils sourient.”
— Responsable d’animation, EHPAD du Limousin

“Un résident qui transmet une recette à l’équipe de cuisine retrouve une part de lui-même. C’est un moment de reconnaissance.”
— Diététicienne, centre hospitalier

2. Créer un environnement favorable au repas

Même le meilleur plat du monde perd son attrait s’il est servi dans un cadre bruyant, impersonnel ou mal adapté. L’environnement joue un rôle décisif dans la perception du repas, surtout en établissement où le cadre devient le quotidien.

Le lieu compte autant que le contenu

Le cadre du repas est une composante clé de l’expérience alimentaire. L’aménagement de la salle à manger, la lumière, les odeurs, les couleurs… tout concourt à créer une ambiance qui peut encourager ou freiner l’appétit. 

En établissement, où les résidents passent parfois 100 % de leurs repas dans la même pièce, chaque détail compte. Les structures les plus engagées l’ont bien compris : mieux manger commence aussi par mieux recevoir.

Des leviers simples et efficaces

  • Organiser la salle en petites unités conviviales plutôt qu’en réfectoire. 4 à 6 personnes par table favorisent les échanges, réduisent le bruit et apportent une touche « comme à la maison ».
  • Travailler la décoration : nappes colorées, fleurs de saison, sets de table personnalisés… Chaque élément peut rappeler un univers connu et rassurant.
  • Soigner le dressage des assiettes : on mange d’abord avec les yeux ! Même en texture modifiée, un plat peut être joliment présenté avec des poches à douille, des cercles ou un simple jeu de couleurs.
  • Jouer avec les ambiances sonores et olfactives : une musique douce, une odeur de cuisine qui s’échappe, un café fraîchement moulu peuvent éveiller les sens.
  • Adapter le mobilier : tables à bonne hauteur, chaises confortables, assiettes à rebord, couverts ergonomiques… Pour qu’aucune contrainte physique ne vienne nuire au plaisir de manger.

Ce qu’en disent les professionnels

“Depuis que nous avons installé des nappes et mis des plantes en salle, les résidents arrivent plus détendus. Et ils mangent mieux, tout simplement.”
— Aide-hôtelière, EHPAD public

“Le bruit était un vrai problème. On a installé des panneaux acoustiques et baissé la lumière : l’ambiance s’est tout de suite adoucie.”
— Cadre de santé

3. Améliorer la qualité des repas servis

En Ehpad, le repas est l’un des rares plaisirs encore pleinement accessibles à tous. Mais pour qu’il joue vraiment son rôle de soutien au moral, à la santé et à l’autonomie, il faut que ce soit bon, varié… et adapté.

La qualité ne se limite pas aux apports nutritionnels : elle passe aussi par le goût, la texture, la température, la présentation, et surtout, la capacité à susciter l’envie.

Des principes simples mais essentiels

  • Varier les menus tout en respectant les repères : alternance de saveurs, de couleurs, de textures, en tenant compte des saisons, des traditions et des préférences locales.
  • Limiter les régimes restrictifs : sauf indication médicale forte, de nombreux régimes (sans sel, sans sucre, etc.) peuvent être assouplis, voire supprimés. Mieux vaut un plat mangé avec plaisir qu’un repas laissé en plan.
  • Proposer des plats maison dès que possible : ils sont plus appétissants, souvent plus équilibrés et bien mieux acceptés. Même en liaison froide, on peut retravailler l’assemblage, les sauces, les textures pour donner du sens au repas.
  • Soigner la dégustation en sortie de production : ce petit rituel permet d’ajuster l’assaisonnement, d’anticiper les refus et de mobiliser les équipes cuisine autour du plaisir gustatif.

Parole de professionnelle

“Nous avons supprimé les régimes systématiques. Résultat : moins de gâchis, plus d’assiettes vides, et des résidents ravis.”
— Diététicienne, établissement mutualiste

La texture modifiée : un défi de créativité

Les textures adaptées (mixé, haché, mouliné) sont souvent synonymes de plat peu appétissant. Et pourtant, des établissements montrent qu’il est possible de redonner de la dignité et du plaisir à ces repas :

  • Utiliser des poches à douille pour redessiner les formes (étoiles de purée, quenelles de carottes…).
  • Séparer les éléments au lieu de tout mixer ensemble (viande, légumes, féculents).
  • Appliquer le principe de “cuisine déstructurée” pour une reconstitution visuelle fidèle.
  • Ajouter un filet de sauce, une herbe, une touche de couleur pour stimuler l’envie.

Parole de professionnel

“Quand on présente un hachis parmentier mixé avec soin, les résidents nous remercient. Pour eux, ça change tout.”

— Cuisinier, EHPAD associatif

Qualité perçue = qualité vécue

Il ne suffit pas de bien cuisiner, encore faut-il que cela se voie et se ressente. L’acte de servir, la température des plats, le ton employé par les soignants… tout contribue à la perception globale.

La qualité des repas repose donc sur un triptyque : produit – présentation – posture.

4. Adapter la restauration aux capacités des résidents

Chaque résident est unique. Certains mangent seuls avec plaisir, d’autres ont besoin d’aide, de temps, ou d’adaptations spécifiques. 

En établissement pour personnes âgées, l’alimentation ne peut pas être “uniforme” : elle doit s’ajuster aux capacités physiques, cognitives et sensorielles de chacun.

L’objectif : que tous puissent manger avec autonomie et dignité, quel que soit leur état de santé.

Une approche individualisée, pas standardisée

  • Troubles de la déglutition ? Opter pour des textures sécurisées sans sacrifier le goût ni l’esthétique.
  • Perte de mobilité ? Proposer du manger-main : des aliments adaptés à la préhension pour éviter l’aide systématique.
  • Troubles cognitifs ? Créer des repères visuels, simplifier les couverts, éviter les plateaux trop chargés.
  • Troubles visuels ? Assiettes contrastées, bonne luminosité, accompagnement adapté.

Dans tous les cas, le choix ne doit jamais disparaître. Un résident qui a peu de force ou de repères reste une personne avec des préférences, des envies, une histoire.

Parole de professionnel

“Une dame ne mangeait presque plus. On a testé les portions « finger food » à base de ses plats favoris. Elle s’est remise à manger.”
— Aide-soignante, unité Alzheimer

La formation des professionnels

L’aide au repas est un acte de soin à part entière. Trop souvent réalisée dans l’urgence, elle mérite d’être revalorisée :

  • Former les équipes à l’accompagnement bienveillant et à l’observation fine des signes (fatigue, douleurs, appétit).
  • Respecter le rythme de chacun : un repas peut durer une heure. Ce temps n’est pas “perdu”, il est précieux.
  • Instaurer des rituels rassurants : une boisson chaude, une serviette familière, un fond musical doux…

Adapter, c’est aussi prévenir

L’ajustement ne doit pas venir seulement en réponse à une dégradation, mais aussi comme levier de prévention :

  • Fractionner les repas pour mieux répartir les apports (collations matin et après-midi).
  • Encourager l’hydratation tout au long de la journée (eaux aromatisées, tisanes, jus).
  • Intégrer l’activité physique légère pour stimuler l’appétit.

Parole de professionnel

“Avec quelques biscuits enrichis le matin et une soupe protéinée le soir, nous avons réduit les CNO de moitié.”— Infirmière coordinatrice, EHPAD rural

5. Mobiliser les équipes autour du projet alimentaire

La qualité de la restauration ne repose pas uniquement sur ce qu’il y a dans l’assiette. Elle dépend aussi et surtout, de ceux qui la rendent possible au quotidien : équipes de cuisine, soignants, hôteliers, animateurs, cadres de santé… 

C’est en rassemblant ces expertises que le repas devient une vraie composante du soin.

Le repas, une affaire d’équipe

En Ehapd, la restauration implique de nombreux métiers. Pour que chacun joue son rôle dans la même direction, il est essentiel de créer une culture commune autour de l’alimentation.

  • Former tous les professionnels aux enjeux nutritionnels, au rôle du repas dans le projet de vie, aux bonnes pratiques d’accompagnement.
  • Valoriser le rôle de chacun, même ceux qui interviennent “en coulisses” : cuisiniers, aides hôteliers, agents de service…
  • Encourager la coopération inter-métiers, via des réunions de coordination ou des projets transversaux (commissions menus, ateliers cuisine…).

Parole de professionnel

“Quand le cuisinier voit les résidents manger ce qu’il a préparé, ça change tout. Il ne cuisine plus seulement pour ‘produire’, mais pour faire plaisir.”
— Cadre hôtelier, groupe associatif

Donner du sens et de la reconnaissance

Mobiliser, c’est aussi fédérer autour d’un objectif commun. Par exemple :

  • Réduire le gaspillage alimentaire.
  • Améliorer la satisfaction des résidents.
  • Lutter contre la dénutrition.
  • Valoriser les repas faits maison.

Chaque objectif peut devenir un projet d’équipe, avec des indicateurs concrets et des retours visibles. Un plat maison qui fait l’unanimité, une assiette vide, un résident qui reprend du poids… autant de petites victoires à célébrer ensemble.

Parole de professionnel

“On a mis en place une dégustation d’équipe mensuelle. C’est devenu un vrai moment d’échange et de fierté.”
— Diététicienne, EHPAD public

Communication, transparence, participation

Pour que le projet prenne vie, il faut ouvrir le dialogue :

  • Communiquer les objectifs du projet alimentaire à tous les niveaux.
  • Partager les réussites, mais aussi les freins rencontrés.
  • Impliquer les équipes dans l’évaluation des actions menées.
  • Célébrer les initiatives et innovations, même modestes.

Car une équipe motivée, c’est une équipe qui se sent utile, écoutée et reconnue. Et c’est cette motivation qui rejaillit, jour après jour, dans les assiettes… et dans les sourires.

6. S’ouvrir à l’extérieur et innover

En matière de restauration, rester enfermé dans ses habitudes ou ses murs est un frein. Au contraire, ouvrir l’établissement à l’extérieur – au territoire, aux familles, aux producteurs, aux écoles – redonne du souffle et de la fierté aux équipes comme aux résidents. Et c’est souvent là que naissent les meilleures idées.

Créer des partenariats locaux

  • Avec les producteurs : fruits et légumes frais, fromages de la région, pain artisanal… Le lien direct avec les producteurs renforce la qualité perçue et crée un ancrage local fort.
  • Avec des artisans : boulangers, biscuitiers, chocolatiers peuvent co-construire des recettes adaptées (ex : galette moelleuse enrichie pour les résidents édentés).
  • Avec les écoles : goûters intergénérationnels, concours de recettes, plantations de potager en commun… L’interaction stimule autant les enfants que les aînés.

Parole de professionnel

“On a monté un atelier confiture avec une association locale. Résultats : des résidents fiers, des livres de recettes, et même des ventes pour financer d’autres projets.”
— Directrice, EHPAD Marcillac-la-Croisille

Casser les codes par l’innovation

Et si on osait faire autrement ? De nombreux établissements redoublent de créativité pour (re)donner envie :

  • Repas à thème ou internationaux : Maroc, Italie, Tour de France culinaire…
  • Concours de cuisine entre résidents et personnel.
  • Buffets, pique-niques, barbecues ou goûters en terrasse dès que la météo le permet.
  • Jeux autour des saveurs : reconnaître les épices, deviner les ingrédients d’un plat.
  • Partage de recettes maison des familles pour les intégrer aux menus.

Ces actions peuvent sembler anecdotiques… mais elles restaurent l’appétit, l’envie et le lien social. Et elles montrent aussi que l’EHPAD n’est pas un lieu figé, mais un lieu de vie.

Sortir des murs, c’est aussi changer de regard

Ouvrir les portes, c’est aussi changer l’image de la restauration en établissement :

  • Accueillir les proches au repas.
  • Organiser des “portes ouvertes” avec dégustations.
  • Communiquer dans la presse locale ou sur les réseaux sociaux les initiatives menées.

On ne valorise jamais trop le travail des équipes ni la richesse de ce qui se fait dans les EHPAD. Ces projets innovants deviennent souvent des leviers de motivation, de communication… et même de recrutement !

Parole de professionnel

“Un simple TikTok d’un atelier cuisine a fait le buzz sur notre page. Les familles nous ont remerciés. Et une aide-soignante est venue postuler après l’avoir vu.”
— Responsable communication, EHPAD privé

7. Assurer le suivi et la qualité dans le temps

Mettre en place des actions, c’est bien. Les faire durer, c’est encore mieux. Trop d’initiatives prometteuses s’essoufflent par manque de suivi ou d’évaluation.  Pour éviter cela, il faut inscrire la restauration dans une logique d’amélioration continue, au même titre que l’hygiène, la bientraitance ou la gestion des risques.

Suivre, ajuster, pérenniser

  • Mesurer l’efficacité des actions : satisfaction des résidents, taux de restes dans les assiettes, variations de poids, consommation d’eau ou de compléments nutritionnels…
  • Analyser les retours de terrain : retours du personnel, observations informelles, ressentis des familles.
  • Adapter régulièrement les menus, les pratiques, les horaires, les supports en fonction des besoins réels.
  • Planifier des temps d’évaluation : commissions menus, groupes de parole, questionnaires anonymes…

Parole de professionnel

“On pensait que tout allait bien… jusqu’à ce qu’on regarde les restes. En fait, les résidents n’aimaient pas du tout le poisson du vendredi. On a changé de recette. Simple, mais efficace.”
— Diététicienne, EHPAD associatif

Le repas comme indicateur de bien-être

Le repas est un révélateur discret, mais puissant du climat de l’établissement : plus les assiettes sont vides, plus les visages sont détendus, plus les liens sont vivants… plus l’établissement fonctionne bien.

En faire un indicateur qualité à part entière, c’est aussi lui redonner la place qu’il mérite dans le pilotage global.

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À propos de l’auteur

Gregory Cousyn

Grégory occupe le poste de Head of Customer Care & Quality chez Qualineo. Son parcours : ancien infirmier diplômé d’état ayant travaillé pour le Ministère des Armées, Grégory Cousyn intègre un établissement de santé où il occupait un poste de direction. Son expérience s’articule autour de l’optimisation des organisations pour développer les performances et l’activité d’un établissement, l’appui à la stratégie et la gestion de projets.