La participation à la vie sociale en EHPAD est un enjeu central, dans un contexte où les troubles cognitifs touchent un nombre croissant de résidents.
Comment leur permettre de rester pleinement acteurs de leur quotidien, malgré la perte d’autonomie ? Il ne s’agit plus simplement de les consulter, mais de co-construire avec eux un cadre de vie respectueux et stimulant.
Au-delà de la démarche éthique, cette participation est aussi au cœur du référentiel d’évaluation de la HAS, qui en fait une exigence transversale à travers trois chapitres, huit critères et des éléments d’évaluation précis.
Voici des pistes concrètes pour favoriser une participation réelle, inclusive et durable, en lien étroit avec les attendus réglementaires et les pratiques de terrain.
1. Donner la parole… autrement
Certaines personnes ne peuvent plus s’exprimer comme avant. Pour autant, leur silence ne signifie pas absence d’opinion. Il s’agit de :
- Multiplier les temps de parole : groupes de parole, entretiens individuels, conseils informels.
- Utiliser des supports adaptés : photos, objets, musique, pictogrammes.
- Proposer un accompagnement à l’expression : professionnels formés, proches, bénévoles médiateurs.
- Introduire des outils numériques simples (tablettes, bornes interactives) pour recueillir l’avis des résidents sous forme ludique (émoticônes, sondages visuels…).
2. Mieux inclure les personnes atteintes de troubles cognitifs
Même atteints de troubles, les résidents peuvent s’exprimer, ressentir, choisir :
- Créer des ateliers sensoriels pour stimuler la mémoire et l’expression émotionnelle.
- Enregistrer leurs réactions ou propos lors des activités pour les analyser dans le temps.
- Former les professionnels à l’observation fine des micro-comportements pour décoder les préférences.
- Proposer un binôme résident-proche pour représenter leur voix au Conseil de la Vie Sociale (CVS).
3. Représenter ceux qui ne peuvent pas
Pour que le CVS soit réellement représentatif :
- Encourager des candidatures en binôme résident + famille.
- Organiser le remplacement automatique en cas de départ.
- Prévoir un soutien à l’expression lors des réunions CVS.
- Recueillir en amont les préoccupations des proches et les intégrer à l’ordre du jour.
- Inviter régulièrement de nouveaux résidents au CVS pour faciliter leur intégration.
4. Partir du quotidien pour reconstruire du lien
L’implication passe souvent par de “petits riens” concrets :
- Créer des espaces d’expression autour des repas, de l’animation, des moments de vie.
- Associer les résidents aux décisions simples : menus, choix des activités, décoration.
- Valoriser leurs parcours dans un journal ou une rubrique “mémoire vivante” sur le site.
- Prendre en compte leurs préférences en matière de restauration (temps, goût, accompagnement, ambiance sonore).
5. Diversifier les formes de participation
- Identifier les résidents isolés et comprendre leurs freins à la participation.
- Adapter les activités : certains aiment les jeux, d’autres préfèrent raconter leur histoire ou transmettre un savoir-faire.
- Mettre en place des “missions” internes (accueil d’un nouvel arrivant, animation, jardinage…) pour valoriser leurs compétences.
6. Articuler participation et projet d’accompagnement personnalisé (PAP)
- Intégrer la question : “Comment souhaitez-vous contribuer à la vie de l’établissement ?” dans les entretiens du PAP.
- Valoriser les engagements pris (rôle dans une commission, animation d’un atelier).
- Relier ces éléments au projet d’établissement, comme témoins d’une vraie citoyenneté au quotidien.
7. Créer une culture de la participation comme acte de bientraitance
- La participation est un droit, pas une option : elle incarne le respect de la dignité.
- Elle contribue à prévenir le repli sur soi, la perte d’estime, voire la maltraitance passive.
- C’est aussi un indicateur qualitatif valorisé dans l’évaluation HAS, notamment dans les critères liés aux libertés, à l’information, et à l’implication des usagers.