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Sortie contre avis médical (SCAM) ou refus de soins : quelle conduite à tenir ?

Gregory Cousyn

June 18, 2025

Temps de lecture :

3 minutes

Une femme médecin discute avec un patient assis dans une salle de consultation médicale.
Sanitaire

Dans les établissements de santé, la sortie contre avis médical (SCAM )également appelée refus de soins ou départ anticipé du patient — pose des enjeux complexes : respecter la liberté du patient tout en assurant sa sécurité. 

Ce moment critique doit être géré avec rigueur, à la croisée du droit, de la déontologie et de la responsabilité professionnelle. Voici les bonnes pratiques à suivre pour encadrer cette situation délicate.

Qu’est-ce qu’une sortie contre avis médical ?

Il s’agit d’un départ volontaire d’un patient majeur d’un établissement de soins, en dépit de la recommandation contraire des professionnels de santé. Le principe fondamental : le respect du consentement libre et éclairé du patient. Mais encore faut-il que ce dernier soit apte à consentir, c’est-à-dire en capacité de comprendre les enjeux de sa décision.

Que dit la loi ?

Le Code de la santé publique (article L1111-4) reconnaît à toute personne le droit de refuser un traitement. Cette liberté s’exerce dans le cadre d’une information claire, loyale et intelligible, fournie par le médecin. 

D'autres textes comme le Code de déontologie médicale (article 36) ou encore le Code civil (article 16-3) viennent renforcer ce cadre éthique et légal.

SCAM : conduite à tenir en  3 étapes clés

Pour sécuriser la démarche, chaque étape doit être rigoureusement suivie :

1. Informer

Le médecin informe le patient des conséquences potentielles de son refus :

  • Risques encourus à court et moyen terme
  • Alternatives thérapeutiques possibles
  • Éventuelles complications en cas d’absence de suivi

Cette information est ensuite formalisée par écrit.

2. Faire signer un document

Le document de refus est lu à voix haute au patient, en présence d’un tiers soignant. Il est ensuite signé par le patient ou son représentant. En cas de refus de signature, un procès-verbal de constat est rédigé.

3. Assurer le suivi post-départ

  • Envoi d’un courrier au médecin traitant
  • Courrier au patient récapitulant les risques et lui rappelant qu’il peut revenir sur sa décision
  • Vérification du retour à domicile sécurisé.



Et si le patient est inapte au consentement ou en danger grave et imminent ?

Deux cas particuliers doivent attirer l’attention :

Inaptitude au consentement

Si le patient n’est pas en capacité de consentir (troubles cognitifs, altération temporaire ou durable…), le refus de soin n’est pas recevable. Seule une hospitalisation sous contrainte peut être envisagée.

Danger grave et imminent

En cas de risque vital ou de conséquences majeures à très court terme, l’établissement doit documenter les actions mises en œuvre :

  • Témoignages
  • Appels à la famille ou au médecin traitant
  • Traces dans le dossier médical

Responsabilité des soignants : ce qu’il faut retenir

La sortie contre avis médical place les soignants dans une position sensible. Ils doivent conjuguer respect de la liberté individuelle et obligation de protéger la santé du patient. La responsabilité professionnelle (et potentiellement pénale) peut être engagée si cette sortie est mal encadrée.

Responsabilité médicale : respecter le cadre pour se protéger

Le professionnel n’est pas responsable si :

  • Le patient a reçu une information claire, loyale et compréhensible sur les risques encourus
  • L’expression de son refus a été documentée et encadrée (formulaire de refus, présence d’un tiers, notification au médecin traitant)
  • La sortie s’est déroulée dans des conditions assurant le retour sécurisé du patient à son domicile.

Ces actions constituent des preuves de la diligence du soignant, notamment en cas de litige.

Le risque de non-assistance à personne en danger

L’article 223-6 du Code pénal impose une vigilance particulière :

« Quiconque pouvant empêcher par son action immédiate, sans risque pour lui ou pour les tiers, soit un crime, soit un délit contre l'intégrité corporelle de la personne, s'abstient volontairement de le faire est puni de cinq ans d'emprisonnement et de 75 000 euros d'amende. »

Autrement dit, si l’équipe soignante laisse partir un patient en péril grave et immédiat, sans avoir tenté toute action adaptée pour éviter des conséquences dommageables, elle pourrait être poursuivie pour non-assistance à personne en danger.

Ce risque est encore plus grave si la personne concernée est un mineur de moins de 15 ans

« Les peines sont portées à sept ans d'emprisonnement et 100 000 euros d'amende (...)” 

Que faire en cas de danger vital ?

Si la sortie du patient met immédiatement sa vie ou son intégrité en jeu, plusieurs actions doivent être mises en œuvre :

  • Tracer l’alerte dans le dossier médical (appel à la famille, médecin traitant, signalement si besoin)
  • Solliciter une hospitalisation sous contrainte si le patient est inapte au consentement (trouble mental, altération cognitive...)
  • Établir un procès-verbal des faits et témoignages.

En résumé, dans les situations de sortie contre avis médical :

  • Protéger la liberté du patient ne signifie pas s’exonérer de sa responsabilité,
  • Le respect scrupuleux de la procédure est une protection juridique essentielle,
  • Et dans les cas graves, agir, alerter et tracer sont les meilleurs remparts contre toute mise en cause pour non-assistance.

Sortie contre avis médical : bonnes pratiques à mettre en place

Ces mesures permettent de prévenir les risques liés à une sortie hospitalière non conforme et de garantir une traçabilité sans faille.

  • Préparer une procédure écrite interne sur la SCAM
  • Former les équipes à la communication adaptée dans ces situations
  • Utiliser des modèles de documents types (formulaire de refus, procès-verbal…)
  • Mettre en place un suivi qualité des SCAM recensées.

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Questions fréquentes

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À propos de l’auteur

Gregory Cousyn

Grégory occupe le poste de Head of Customer Care & Quality chez Qualineo. Son parcours : ancien infirmier diplômé d’état ayant travaillé pour le Ministère des Armées, Grégory Cousyn intègre un établissement de santé où il occupait un poste de direction. Son expérience s’articule autour de l’optimisation des organisations pour développer les performances et l’activité d’un établissement, l’appui à la stratégie et la gestion de projets.