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Revue de Morbidité et de Mortalité : une méthode clé pour améliorer la sécurité des soins

Gregory Cousyn

October 31, 2024

Temps de lecture :

3 minutes

Cette image montre une scène de discussion en milieu médical. Au premier plan, une main tient un stylo bleu et semble prête à écrire sur un carnet ou une tablette de notes.
Sanitaire

La Revue de Morbidité et de Mortalité (RMM) est un outil d'analyse collective visant à comprendre et à prévenir les incidents survenus lors des soins. 

En s'appuyant sur l'apprentissage par l'erreur, elle permet aux équipes de santé d’identifier les causes profondes des événements indésirables et de proposer des actions correctives pour améliorer la sécurité des patients. 

Découvrez dans cet article comment la Revue de Morbidité et de Mortalité (RMM) constitue un outil essentiel pour analyser et prévenir les incidents survenus lors des soins. 

Qu'est-ce que la revue de morbidité et de mortalité ?

La Revue de Morbidité et de Mortalité (RMM) est un processus d'analyse collective qui se concentre sur les incidents survenus lors des soins aux patients. 

Elle examine plusieurs types d'événements :

  • Les événements indésirables associés aux soins (EIAS)
  • Les presque accidents appelés également Événements Porteurs de Risques (EPR) qui ont été stoppés à temps avant de devenir des évènements indésirables graves (EIG).

Quels sont les objectifs de la RMM ?

L’objectif de la RMM est de comprendre les causes et les facteurs ayant contribué à ces incidents, pour mettre en place des actions de prévention et renforcer la sécurité des soins.

Apprentissage collectif et bienveillance 

La RMM ne cherche pas à pointer des responsabilités individuelles, mais à promouvoir une réflexion collective dans un climat bienveillant.

L’objectif est de développer une culture de la sécurité et d'améliorer les pratiques en équipe.

Un outil pédagogique  

En milieu académique, la RMM sert aussi à renforcer les compétences des professionnels de santé de manière constructive et non culpabilisante.

Ainsi, chaque événement analysé devient une opportunité d’apprentissage, contribuant à améliorer la qualité des soins et à renforcer la résilience des équipes face aux défis quotidiens.

Qui peut réaliser une RMM ?

La Revue de Morbidité et de Mortalité (RMM) peut être mise en œuvre par différents types de structures et équipes médicales. 

Elle est adaptable à de nombreux contextes professionnels dans le domaine de la santé.

Établissements de santé 

La RMM est souvent réalisée au sein des établissements de santé, qu’il s’agisse d’hôpitaux, de cliniques ou d’autres structures de soins. Elle implique les équipes médicales et soignantes directement concernées par l’événement indésirable.

Réseaux de santé 

Au-delà des établissements individuels, des réseaux de santé peuvent également organiser des RMM. Cela permet de mutualiser les expériences entre plusieurs structures et de favoriser un apprentissage collectif à une plus grande échelle.

Groupes d’analyse de pratiques 

La RMM peut aussi être réalisée dans le cadre de groupes d’analyse de pratiques entre pairs. Ce type de démarche permet à des professionnels issus de différentes équipes ou spécialités de partager leurs expériences et de réfléchir ensemble à l’amélioration des pratiques.

Équipes professionnelles

Enfin, quelle que soit la structure ou le secteur d’activité (médico-social ou social), la RMM est menée par une équipe de professionnels travaillant habituellement ensemble. 

Cette dimension collective est essentielle pour favoriser une réflexion approfondie et partagée sur les événements indésirables et les améliorations à apporter.

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Comment se déroule l'analyse des EIAS en RMM ?

La Revue de Morbidité et de Mortalité suit une méthodologie structurée en sept étapes pour garantir une analyse approfondie des événements indésirables associés aux soins (EIAS). 

Nous appuyant sur le support pédagogique de la HAS : Analyse des EIAS ou des presque accidents en Réunion de Morbi-Mortalité (RMM), voici un aperçu de chaque étape.

Préalable : anonymisation et confidentialité

Les directives suivantes doivent être appliquées avant toute présentation ou discussion de cas cliniques: 

  • Les données doivent être rigoureusement anonymisées avant l'analyse.
  • Aucun nom de patient ou de professionnel ne doit être mentionné. Utiliser des désignations anonymes comme "patient 1", "médecin 1", etc.
  • Les dates spécifiques doivent être remplacées par des repères temporels comme "J1", "J2", etc.
  • Le support de travail utilisé pour l’analyse n'a pas vocation à être archivé dans les dossiers médicaux ou administratifs. Il est exclusivement destiné à l’évaluation des pratiques et non à déterminer des responsabilités individuelles.

Étape 1 : Cas clinique

L’analyse commence par la présentation du cas clinique, incluant : 

  • L’âge du patient, ses antécédents 
  • Le contexte de la prise en charge 
  • L'analyse de la balance bénéfices/ risques des décisions médicales. 

Cette étape permet de comprendre la situation initiale et les facteurs cliniques en jeu.

Étape 2 : Description de l’événement indésirable (EIAS)

Il s’agit ensuite de décrire la chronologie de l’événement indésirable associé aux soins : 

  • Ce qui s’est passé
  • Qui est intervenu ou a été impliqué (professionnels de santé, autres intervenants)
  • Les actions entreprises ou non, en précisant comment elles ont été réalisées.

Cette description factuelle est essentielle pour comprendre le déroulement de l’incident.

Étape 3 : Recherche des causes

Cette étape consiste à identifier les causes immédiates et profondes de l’incident.

La cause immédiate 

Elle répond à la question "Comment cela est-il arrivé ?" et correspond souvent à une erreur visible, comme un geste ou une décision.

Les causes profondes

Elles sont plus complexes, explorent "Pourquoi cela est arrivé ?" en tenant compte de facteurs organisationnels, techniques, ou structurels. 

Pour cette analyse, la grille ALARM est recommandée par la HAS pour explorer les défaillances dans sept familles de facteurs : 

1- Facteurs liés au patient

2- Facteurs liés aux tâches à accomplir

3- Facteurs liés aux professionnels de santé

4- Facteurs liés à l’équipe

5- Facteurs liés à l’environnement de travail

6- Facteurs liés à l’organisation et au management

7- Facteurs liés au contexte institutionnel

— Modèles à télécharger

Grille Alarm commentée

Grille Alarm vierge

Le témoignage du patient

lorsqu'il est disponible, apporte un éclairage complémentaire et enrichit l’analyse.

Étape 4 : Identification des barrières de sécurité

À cette étape, il est crucial d’examiner les barrières de sécurité en place et leur efficacité. 

Ces barrières sont de trois types :

  • Barrières de prévention : destinées à empêcher l’incident avant qu’il ne survienne,
  • Barrières de récupération : qui visent à atténuer les effets d’un événement en cours,
  • Barrières d’atténuation : après que l’événement s'est produit pour limiter les conséquences.

L’analyse doit vérifier si ces barrières ont fonctionné ou non, et, en cas d’absence, si des mesures supplémentaires doivent être envisagées pour renforcer la sécurité.

Étape 5 : Analyse de la littérature et recommandations

Cette étape consiste à s’appuyer sur des recommandations ou des bonnes pratiques tirées de la littérature scientifique et médicale afin de déterminer si des éléments peuvent être appliqués au cas analysé. 

Cela permet de valider les solutions envisagées en se basant sur des pratiques éprouvées.

Étape 6 : Actions d’amélioration proposées

À partir des enseignements tirés de l’analyse, il convient de proposer un plan d’actions visant à améliorer la sécurité des soins. 

Ce plan peut varier en complexité :

  • Il peut se limiter à une mise au point lors de la séance, suivie de la diffusion des informations aux autres équipes.
  • Dans des situations plus complexes, il peut impliquer des changements organisationnels profonds, une réorganisation des processus ou une suspension temporaire de certaines pratiques.

Étape 7 : Suivi post-RMM et retour d’expérience

Une fois la RMM terminée, il est essentiel de rédiger un compte rendu anonymisé comportant les conclusions et les actions à mettre en œuvre. 

Ce compte rendu est archivé avec les autres documents qualité de l’équipe. 

Le suivi des actions proposées est également primordial pour évaluer leur efficacité dans le temps.

Enfin, les résultats de la RMM sont communiqués aux équipes concernées, et peuvent être utilisés pour former les professionnels en partageant les leçons tirées de l’expérience. 

Cette démarche de retour d’expérience permet d’ancrer l’amélioration continue des pratiques dans la culture de l’équipe.

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À propos de l’auteur

Gregory Cousyn

Grégory occupe le poste de Head of Customer Care & Quality chez Qualineo. Son parcours : ancien infirmier diplômé d’état ayant travaillé pour le Ministère des Armées, Grégory Cousyn intègre un établissement de santé où il occupait un poste de direction. Son expérience s’articule autour de l’optimisation des organisations pour développer les performances et l’activité d’un établissement, l’appui à la stratégie et la gestion de projets.